Dans mon dernier article sur l’Effet Cobra, je vous ai expliqué pourquoi la gestion des taux d’intérêt est devenue l’arme principale de nos politiques pour “forcer” la croissance.
Je vous ai expliqué aussi pourquoi la politique néo-libérale est une politique de contrôle : contrôle des taux, contrôle de l’économie, contrôle de la population.
Alors ce que détestent le plus nos politiques, c’est l’imprévu !
Aujourd’hui, je vais vous livrer le “critère” qui leur fait faire des cauchemars, et sonnera peut-être le glas de leur politique forcée.
Christine Lagarde en particulier, à la tête de la Banque Centrale Européenne, entretient très bien l’illusion de tout maîtriser.
Première information importante : statu quo jusqu’en 2023
Si vous vous demandez si la BCE a prévu de se remettre en question et de faire changer les choses rapidement, la réponse est NON.
La Banque Centrale Européenne a annoncé publiquement que son programme de rachats massifs et « d’argent gratuit » allait durer jusqu’ au moins 2023.
C’est une information essentielle pour vous si vous voulez investir :
La BCE va continuer à ruiner l’épargne et soutenir les marchés à la hausse pendant encore longtemps…
Donc il est hors de question que vous attendiez encore 3 ans avec votre épargne en banque qui perd de l’argent !
Vous feriez mieux de profiter de toutes les opportunités dont profitent les super-riches, mais aussi les autres particuliers français.
Sur ce dernier graphique du bilan de la BCE, vous voyez bien le grand plan de fuite en avant, démarré en 2016 : les injections d’argent gratuit et rachats de dettes ont eu pour effet de tripler les réserves totales en cinq ans !
Même sans être économiste, on comprend que cela n’a aucun sens.
En 5 ans, l’activité en Europe n’a presque pas bougé. Elle a même largement baissé à cause du Covid.
Pourquoi alors la quantité d’euros en circulation devrait-elle être multipliée sans limite ?
C’est ce que j’appelle la grande fuite en avant !
Les dirigeants de la BCE, entourés de banquiers et de dirigeants proches de la faillite, se sentent plus libres que jamais.
Les gardiens ont le dos tourné : c’est la fête !
Que se passe-t-il tant que les taux d’intérêt sont bas ?
Les Etats s’endettent à l’infini, et ceux qui investissent en actions s’enrichissent !
On les voit sur cette image, danser sous le “%” des taux d’intérêts !
Assis sur le mur, les trois gardiens sont les “Bonds Market Vigilantes”.
Qui sont-ils ?
Cette expression vient des années de la présidence de Bill Clinton aux Etats-Unis.
Dans les années 1990, c’étaient eux, les marchés d’obligations qui avaient permis de maîtriser la folie dépensière des Etats.
Voici comment cela fonctionnait :
Dès que les investisseurs sentaient que les prix allaient monter, ou que les excès d’emprunt allaient trop loin, les prix des obligations montaient – ce qui obligeait immédiatement les gouvernements à arrêter d’emprunter, pour être plus rigoureux !
Comme le note avec humour ce dessin, 20 ans plus tard, ce mécanisme protecteur a disparu.
Les Etats font n’importe quoi, s’endettent, mais les marchés d’obligations ne bougent pas.
Sur le dessin, ces gardiens en noir semblent totalement désintéressés par la folie spéculative, et regardent en sens inverse !
C’est à cause de l’action des banques centrales, qui les noie sous des milliards d’argent gratuit, en leur assurant qu’il n’y aura ni faillite ni inflation !
Aujourd’hui, même si les investisseurs ont peur de l’inflation et des risques de faillites, cela ne fait plus remonter les taux des obligations.
Donc les Etats sont libres de se surendetter encore et encore !
Alors, quel mécanisme naturel pourrait bloquer cette politique de fuite en avant infernale… si ce ne sont plus les marchés d’obligation ?
Il s’agit de l’inflation, c’est-à-dire la hausse des prix.
Le cauchemar de Christine Lagarde, c’est l’inflation
Si nos politiciens se croient tout puissants, il existe un gros caillou dans leur chaussure.
En effet, l’inflation n’est pas quelque chose que l’on maîtrise.
C’est quelque chose que l’on observe.
A un moment donné, les prix montent, et font perdre leur valeur aux biens et services.
Sauf à fixer tous les prix du pays, comme dans certains régimes totalitaires, il n’y a aucun moyen d’agir directement sur ce phénomène.
Car les prix du quotidien dépendent de plusieurs facteurs qui n’ont rien à voir :
- l’offre et la demande, bien sûr,
- mais aussi la quantité de monnaie (d’argent) en circulation,
- la pression sur l’emploi,
- ou encore la confiance des citoyens dans leur monnaie, qui est très impalpable
Une immense bulle des prix à rééquilibrer ?
Cela peut sembler contre-intuitif, mais depuis les années 1980, nous sommes plutôt dans une période de baisse des prix.
Tout ce qui ne concerne pas des biens et services de l’économie réelle est monté en flèche :
- immobilier
- impôts
- assurances
Donc les gens ont l’impression que leur vie est plus chère qu’avant.
Et c’est vrai ! Les prix affichés sont plus chers.
Mais en réalité, les prix des biens et services réels ont seulement stagné, et peut-être même baissé depuis 40 ans.
Prenez l’essence par exemple, en 1990 on payait 0,30€ de taxe par litre.
Aujourd’hui, c’est 0,90€ par litre [1]… 3 fois plus !
Prenez les boissons alcoolisées, en 1980 l’Etat prélevait 1 milliards d’euros de taxes.
En 2000 il prélevait 2,5 milliards de taxes…
Alors que la consommation d’alcool a largement baissé entre les deux [2]!
Donc il n’y a pas de « problème économique » de hausse des prix.
Ce sont surtout l’Etat et les décisions politiques qui font volontairement monter le coût de la vie en France !
En réalité, le problème vient de la déconnexion totale entre le monde réel et le monde financier.
Après 40 ans de surchauffe, nous approchons du Burn-Out
L’économie actuelle ressemble un peu aux gens qui vivent uniquement dans leur tête pendant des années, et oublient complètement de s’occuper de leur corps.
Cela finit souvent en maladie grave.
Il y a aussi ceux qui s’occupent uniquement de leur corps, mais ne s’enrichissent jamais intellectuellement ou spirituellement.
Cela finit aussi en maladie grave.
Comme il faut un équilibre entre corps et esprit, en économie il faut un équilibre entre le monde réel et le monde financier, pour que tout tourne convenablement.
En ce moment, c’est plutôt le burn-out qui approche !
Dans un burn-out, le corps finit par lâcher car il n’a plus d’énergie, toute l’énergie étant concentrée sur le cerveau depuis trop longtemps.
Cela fait 40 ans, et 5 ans de façon intensive, que nos dirigeants sur-stimulent le monde financier, et épuisent l’économie réelle.
Les prix de tous les investissements montent à fond depuis 40 ans.
Dans le même temps, le pouvoir d’achat des salariés et de l’économie réelle stagnent ou baissent.
Mais à la fin, comme entre le corps et l’esprit, la finance ne peut pas vivre seule.
Car elle finance la vie réelle et nos activités !
Sans activité qui crée de la valeur dans le monde réel, l’immobilier ou les actifs financiers n’auront plus rien à financer !
C’est un burn-out économique qui nous attend.
L’économie réelle s’appauvrit et n’a presque plus d’énergie.
De moins en moins de gens ont un travail régulier. Les gens reviennent déjà au troc, aux monnaies locales, à l’entraide.
Arrivera un moment où plus personne n’aura de quoi consommer, sans ressource ni confiance dans l’avenir.
Alors le monde financier s’écroulera sur lui-même à la manière d’un burn-out, pour mieux redémarrer ensuite, sur des bases plus saines.
Mais ceci est encore dans quelques temps…
Nous sommes au milieu du processus, et très peu de gens se rendent compte de la déconnexion qui grandit (pourtant bien décrite dans les cours d’économie !)
Avant ce burn-out, beaucoup d’experts anticipent un réajustement des prix à la hausse, et une phase d’inflation.
C’est cette inflation qui pourrait accélérer les choses !
La seule raison qui, semble-t-il, a retardé l’arrivée de l’inflation jusqu’ici, c’est que tout l’argent de la BCE n’a pas été dans les poches des citoyens, mais seulement dans celles des banques, qui l’ont utilisé loin de la vie réelle, sur les marchés financiers…
Pourquoi nos dirigeants seront bientôt bloqués
Lorsque les prix augmentent, la banque centrale peut remonter les taux d’intérêt.
C’est ce qu’elle fait à chaque fois.
Tous les Français aujourd’hui à la retraite ont déjà connu et investi dans des périodes où les prix montaient chaque année, et où les taux étaient très élevés.
En 1983 par exemple, le Livret A rapportait plus de 8% !
Les taux élevés permettent de “dégonfler la bulle”, et de rendre l’argent cher.
Cela rééquilibre les prix.
Mais que peut faire Christine Lagarde, maintenant qu’elle a encouragé des pyramides de dette depuis des années ?
Et que vont dire les Etats, s’ils doivent soudain payer non plus 0%, mais 5% d’intérêts sur leur dette colossale ?
Ils devront se déclarer en faillite, comme la Grèce en 2008, car ils n’ont pas de quoi payer.
Et cela, l’Union Européenne ne peut pas se le permettre. Car l’Allemagne s’est assurée de ne plus financer aucun autre pays en faillite.
Autant dire que Christine Lagarde est bloquée.
- Elle a rendu les Etats dépendants de ses taux d’intérêt,
- Et les marchés financiers dépendants de ses taux d’intérêt aussi.
Si l’inflation survient, elle sera bien obligée de remonter ses taux, pour éviter une panique d’hyperinflation comme au Venezuela…
C’est pourquoi je suis persuadé que c’est quand l’inflation va arriver, que nos dirigeants vont réaliser leur erreur majeure et grossière de gestion.
Ils vont se trouver bloqués, sans solution, et même madame Lagarde ne pourra plus venir à leur rescousse.
A ce moment-là, ces mêmes dirigeants ne pourront plus se cacher.
Ils commenceront à assumer leur politique vis-à-vis des peuples, et devront expliquer que depuis 40 ans on ruine l’épargne et les citoyens, pour favoriser l’investissement et les super-riches.
Et à ce moment-là, ils auront peut-être de nouvelles idées, des idées saines cette fois !
L’inflation pourrait enfin amener la méga-crise qu’on nous cache depuis des dizaines d’années.
Et cette politique a tellement sapé la confiance dans les politiques économiques, que l’inflation pourrait être massive, quand elle apparaîtra.
A plus de 10% d’inflation par an, cela engloutirait l’économie du pays,
Et finirait de ruiner ceux qui avaient encore confiance dans l’épargne traditionnelle.
C’est à cette condition qu’on pourrait repartir avec de nouveaux compteurs, à la place des jeux de théâtre actuels !